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Clair-Obscur Expo
20 mars 2008

La Seconde avant-garde

A Orsay, il vous a été présenté les avant-gardistes précurseurs et "historiques", voici maintenant, une ouverture sur ce qui est appelé la Seconde avant-garde.

 

La barbarie de la Première Guerre mondiale marque pour les artistes une impasse : peu d’entre eux parviennent à évoquer l’horreur des tranchées, et de cette frustration naît une forme d’art qui se désolidarise du réel et qui permit, au cours de l’entre-deux guerre, l’émergence d’une nouvelle avant-garde, succédant à l’avant-garde historique exposée précédemment (I).

 

Toutefois, au-delà des arts plastiques celle-ci embrassera tous les « matériaux » artistiques, particulièrement celui de la littérature. En effet, la rupture nécessaire afin d’exprimer le nouvel ordre moral, apparu au 20ème siècle, ne pouvait se restreindre aux seuls arts graphiques, caractérisant ainsi l’avant-garde contemporaine post-1945 (II).

 

 

I. L’avant-garde dans l’entre-deux guerres

 

C’est au début des années 1920 qu’émergea le surréalisme qui est un mouvement artistique qu' André Breton définit dans le Manifeste du Surréalisme comme un « automatisme psychique pur, par lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. ».

 

Dès lors, un certain parallélisme avec l’art abstrait qui venait de voir le jour 10 ans auparavant, juste avant la Guerre de 1914, est inévitable.

 

En effet, Le peintre Wassily Kandinsky, considéré comme le fondateur de l'art abstrait, rédigea Du Spirituel dans l’art, dans lequel il souligna que l’abstraction résulte d’une « nécessité intérieure », de sorte que selon le philosophe Michel Henry, « Kandinsky appelle abstrait le contenu que la peinture doit exprimer, soit cette vie invisible que nous sommes. »

 

Surréalisme et art abstrait ne découleraient donc que d’une seule source : le monde intérieur de l’artiste. C’est ce que semble affirmer André Breton dans son Manifeste de 1924, voyant en l’art un rôle de « révélateur de l’inconscient ». Dès lors, tout peut devenir art, si l'artiste le décide, l'artiste étant libéré de tout stéréotype social ou esthétique. « S'il faut en finir avec l'art figuratif, s'il faut cesser d'imiter la nature, c'est pour être enfin pleinement en mesure d'exprimer la subjectivité », écrit Luc Ferry à propos de Kandinsky. La question qui se pose alors est : pourquoi ce repli de l’artiste, cet éloignement de la réalité physique de la vie ?

 

Sans nul doute, il s’est cristallisé dans l’imaginaire des artistes la nécessité d’atteindre un autre stade de l’art, l’abstraction, afin de quitter le monde sensible, meurtrier, que le 20ème siècle, par ses atrocités a déshumanisé, afin d’atteindre le monde intelligible. Ainsi, en hissant l’art à ce niveau, il s’agissait de rehausser l’Humanité.

 

 

II. L’avant-garde contemporaine

Au tournant de la seconde moitié du 20ème siècle, les héritiers de certains courants historiques perpétuent le mouvement avant-gardiste (lettrisme, Internationale situationniste, mouvement Fluxus, expressionnisme abstrait) dont les objectifs participent notamment de la remise en question de la notion d’œuvre d’art. Que ce soit en musique, en art plastique ou encore en littérature, les avant-gardes historiques ont très nettement participé à une remise en question du matériau utilisé pour la création, et à une mise à plat de la conception formelle des œuvres. Comment se réalise concrètement cette modernité dans l’avant-garde d’après 1945 ?

 

Le lettrisme est un mouvement né en 1945 lors de l'arrivée en France d'Isidore Isou. Le lettrisme s'attache, au départ, à la poétique des sons, des onomatopées, à la musique des lettres, disposées d'une façon arbitraire, plus qu'au sens des mots. La définition qu'en donne Isou en 1947 dans le Bilan lettriste est la suivante : : «Art qui accepte la matière des lettres réduites et devenues simplement elles-mêmes (s'ajoutant ou remplaçant totalement les éléments poétiques et musicaux) et qui les dépasse pour mouler dans leur bloc des œuvres cohérentes.»

 

Mais le lettrisme se définira par la suite comme un mouvement culturel basé sur la novation dans toutes les disciplines du savoir, des arts. Le lettrisme, est, avec l'Oulipo (acronyme d'« ouvroir de littérature potentielle », l'Oulipo est une association fondée en 1960 par l'écrivain et poète Raymond Queneau et le mathématicien François Le Lionnais) l'un des principaux mouvements d'avant-garde contemporain depuis le surréalisme.

 

 De part sa qualité d'avant-garde, le mouvement lettriste a anticipé ou influencé divers mouvements culturels et artistiques tels que l'Internationale situationniste, le happening, la Nouvelle Vague, ou encore l'Art conceptuel. Le groupe lettriste s'est attaché à toutes les formes de l'art, y compris le cinéma (Le Film est déjà commencé ? de Maurice Lemaître , 1951), la danse (Chorégraphies lettristes, de Maurice Lemaître) et la peinture (Hypergraphies lettristes, de Isou, Lemaître, Roland Sabatier).

Mais aussi, sans doute est-il bon d’incorporer à l’avant-garde contemporaine le Nouveau Roman qui est un mouvement littéraire des années 1950-1970, regroupant quelques écrivains appartenant principalement aux Éditions de Minuit. Le terme fut créé, avec un sens négatif, par le critique Émile Henriot dans un article du journal le Monde du 22 mai 1957, pour critiquer le roman la Jalousie, d'Alain Robbe-Grillet. Ce mouvement précède de peu la Nouvelle Vague.

 

Dans Pour un Nouveau Roman, édité en 1963, Alain Robbe-Grillet réunit les essais sur la nature et le futur du roman. Il y rejette l'idée, dépassée selon lui, d'intrigue, de portrait psychologiques et même de la nécessité de personnages, ainsi « le roman n'est plus l'écriture d'une aventure, mais l'aventure d'une écriture. » (Jean Ricardou)

 

 

Seconde ou deuxième avant-garde ?


 
Le mouvement d’avant-garde est-il éteint ? S’arrête-t-il à la Seconde avant-garde ou n’était-ce qu’une Deuxième avant-garde à laquelle succèdera une Troisième ?

Il semble en effet bien difficile d’imaginer un art sans rupture, sans avant-gardisme

« L'humanité a besoin de sublime.
Le sublime du sublime, c'est l'art.
Le sublime de l'art, c'est l'avant-garde. »

(Roland Topor)


A vous de juger…

 

Mathieu Duchêne
 

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