CELADOR : "A taste of illusion"
Des gamins qui courent sur une herbe verdoyante dans un milieu urbain
moderne, du soleil, le tout mixé dans un spot de 30 secondes se
terminant par l'apparition en lettres flashy d'une accroche imparable:
CELADOR: a taste of illusion. Il suffisait de cela pour que je sois
pris au piège du consumérisme bête et méchant.
Je me dirige vers
les distributeurs disséminés aux quatre coins du Palais de Tokyo, je
glisse ma lubrique pièce de 2 euros dans la vile fente de Selecta
(sorte de déesse moderne de la consommation compulsive) et mon sachet
de Celador tombe. Sale trainée capitaliste.
C'est beau, un
sachet aux rayures colorées, des bonbons de couleurs vives faisant
renaître l'enfant caché derrière les buissons de mes 21 ans, je me
délecte d'avance. Et puis ce nom "CELADOR", comment résister à cette
phonétique jubilatoire répondant si parfaitement à une base de
marketing qui est la règle des 3 syllabes...tout est si bien
pensé...CELADOR ou "Cellar Door" tel le nom d'un album de Miles Davis?
Les sens sont en éveil, les idées se précipitent.
Je mets le bonbon dans ma bouche.
Et puis...rien.
Bonbon au goût de néant?
Comme
le souligne Aaron Schuster sur le site de Celador, ne s'agirait-t-il
pas davantage d'"illusion of taste" que de "taste of illusion" ?
Loris Gréaud a réussi son coup.
Il m'a vendu des bonbons sans goût par un coup marketing parfaitement orchestré.
Là
est toute l'ironie de la société de consommation dans laquelle nous
vivons aujourd'hui: nous sommes prêts à acheter du vent si l'on nous
dit qu'il faut l'acheter.
Loris Gréaud donne avec les CELADOR
une nouvelle dimension au pop-art : l'oeuvre de l'artiste afin de
critiquer les dérives modernes de la consommation de masse est
désormais interactive et dialiectique, nous faisant nous poser des
questions sur notre statut de consommateur. Chapeau bas.
"Tout s’achète : l’amour, l’art, la planète Terre, vous, moi. Surtout moi." (Extrait de "99F" de Frédéric Beigbeder).
le site officiel de CELADOR, en français: http://un-gout-dillusion.com
Mathieu Duchêne