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Clair-Obscur Expo
16 avril 2008

"Un artiste de 29 ans s'offre
les 4000 m2 du Palais de Tokyo"

Propos recueillis par Valérie Duponchelle
Le Figaro 14/02/2008.

Loris Gréaud, Français remarqué à l'étranger, a recréé son atelier au musée dans l'exposition «Cellar Door» qui ouvre demain.
Ovni du paysage artistique, échantillon type de la jeunesse pointue dite «spécialisée», Loris Gréaud vogue depuis des saisons sur le succès, de Bâle à Miami, de New York à Paris. Pour la première fois, un jeune artiste de 29 ans s'empare de la totalité du Palais de Tokyo pour y réaliser «une utopie», expérience hybride entre l'exposition, le concert, le jeu et le «brainstorming». Portrait d'un artiste décidé qui décode pour nous son univers immatériel.

Humour. «L'humour me permet d'évacuer pressions, stress, anxiété pendant le montage de cette exposition de 4 000 m² ! Il y a beaucoup d'humour dans ma vie, dans la gestion de mon entreprise, pas dans mon exposition. L'espace de l'art n'est pas burlesque.»

Énigme. «Un projet comme Cellar Door est une utopie. Pour moi, l'immatériel n'est pas une source de frustration, mais une force très productive, un moteur de désir. Mon exposition est comme un ­mille-feuille fait de strates successives. Un enfant de 5 ans peut s'y retrouver comme quelqu'un qui a étudié l'histoire de l'art toute sa vie. On associe les formes et les couleurs, on se crée des parcours, on se raconte des histoires. On peut visiter chaque bulle la Bulle Studio, la Bulle Underworks, la Bulle ­Merzball, la Bulle Néon, la Bulle Forêt de poudre à canon, la Bulle Film expiré comme des attractions. On visite l'atelier de l'artiste comme si c'était un organisme vivant, comme une usine qui rêve, avec un sentiment rare de liberté.»

Maîtres. « Mon premier choc esthétique, je le dois à Bruce Nauman et à sa vidéo Mapping the Studio. Je ne connaissais pas l'œuvre de ce grand artiste américain quand je suis entré dans son exposition à Beaubourg. J'étais étudiant aux arts graphiques, je profitais de chaque pause pour visiter musées et galeries. J'ai adoré rentrer dans son monde et me sentir complètement dépassé. Ce moment trouble est ma définition de l'art. J'ai ressenti la même émotion devant Le Radeau de la Méduse de Géricault au Louvre.»

Musique et sciences. «J'ai détesté l'Éducation nationale et son système asphyxiant. J'ai toujours eu un furieux besoin de décloisonner les choses. Je n'ai pas de formation scientifique, mais je me passionne pour la mécanique quantique et la notion de réalité en philosophie. Je suis très déterminé quand j'entreprends. Quand je faisais du skateboard, je voulais maîtriser toute la technique. D'une formation classique en musique, j'ai lu tous les modes d'emploi des machines quand j'ai abordé la musique électronique. Je crois en l'art tous azimuts. D'où cet opéra, ­Cellar Door, commissionné au compositeur Thomas Roussel, conte musical qui relit et réinterprète l'exposition à l'infini.»

Cinéma. «J'aime le cinéma de David Lynch où l'on peut se déplacer dans l'histoire comme dans un espace dense, mystérieux, changeant. J'ai vu son dernier film, Inland Empire , dans une salle de cinéma avec son public et c'était déjà une expérience incroyable. Ses nuages narratifs me fascinent. J'aime aussi Cronenberg, mais plus celui d' ExistenZ et sa multiplication des pistes possibles que les derniers films, plus réalistes dans leur violence et moins effrayants au final. »

Littérature. « Mon dernier choc s'appelle La Maison des Feuilles, de l'Américain Mark Z. Danielewski. On chemine dans ce roman expérimental et interactif. On se perd dans les chapitres, on aboutit dans les notes comme dans une pièce fermée. Ce n'est pas le livre dont vous êtes le héros, mais presque.»
Au Palais de Tokyo, à Paris, jusqu'au 27 avril.

Mathilde Forissier

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